Si j'apprécie beaucoup la culture japonaise, je ne suis pas férue d'histoire médiévale. Le temps des samurai et son flot d'images d'Épinal n'a jamais suscité en moi une grand passion. Je me suis donc rendu à l'exposition organisée au Quai Branly plus par curiosité que par un réel intérêt.
J'en suis sortie conquise ! Une magnifique exposition à visiter d'urgence (jusqu'au 29 janvier 2012) si vous avez une attirance même légère pour le Japon.
motif de Paulownia, F. Ruelle |
Voici donc présenté une impressionnante collection de pièces d'armure, toutes en très bon état de conservation. On voyage ainsi dans le tumultueux passé du Japon. Les pièces sont classées par ordre chronologique, chaque époque est documentée de textes explicatifs concis et clairs.
Les différentes parties des armures sont nommées en français et japonais. A chaque fois, les informations sont toujours visibles et très pédagogiques.
La débauche d'inspiration végétale, surtout les fleurs, se retrouve partout. Les symboles floraux gravés dans ces armures conçues pour être des expressions brutes de virilité ont quelque chose de déroutant pour des Occidentaux. Un casque en forme d'aubergine m'a laissée franchement hilare.
Toute cette énergie inventive, ce savoir-faire consacré à l'art de tuer arrive à sublimer la laideur de sa fonction par la beauté de ses objets. La finesse des gravures sur les casques, la courbe gracieuse des sabres, le tissages complexe des costumes sont autant de trésors pourtant destinés à faire couler le sang. La théâtralité de l'armure est indéniable puisqu'elle servait tant à protéger qu'à effrayer. Elle était aussi l'expression direct du rang du samurai, dans cette société très hiérarchisée.
Le sujet pourrait rapidement devenir aride ou répétitif. Pourtant, la beauté des tenues surprend toujours. A mesure que l'on voyage, on comprend non seulement la minutie apportée à la fabrication mais aussi l'importance du bushido, la voie du guerrier, dans la société japonaise. La question des femmes samurai est également abordée. Au travers de l'armure, c'est toute la culture japonaise que l'on appréhende. L'exposition s'adresse donc à un public assez large.
Comprendre l'esthétique contemporaine japonaise grâce aux samurai
Toutes les pièces proviennent de la collection privée de Barbier-Muller, réputée être la plus belle du monde, exposée habituellement au Muséum de Dallas. C'est donc une occasion unique de voir ces chefs-d'oeuvre de l'artisanat guerrier.
Un film fascinant montre la fabrication artisanale d'un sabre. Encore aujourd'hui, des maîtres, considérés comme des trésors nationaux vivants, perpétuent les gestes et forgent des armes. J'ai eu la chance de visiter l'exposition avec Fanny Ruelle, illustratrice aux multiples talents dont celui d'avoir tester l'art de la forge.
Mon aversion pour la guerre a été émoussée par l'esthétique travaillée de ces pièces d'armures. Il est fascinant de voir que nombreux motifs mais aussi formes ont traversé les siècles. La culture pop n'a pas été épargnée par ce phénomène. Les fans d'anime de robots géants seront surpris de voir à quel point les productions télévisées actuelles puisent dans les costumes et les codes graphiques historiques.
Une scénographie maitrisée |
Si je n'ai pas développé une soudaine envie d'apprendre par cœur l'histoire de chaque clan, et si mon intérêt pour la période reste modéré, j'avoue que cette exposition a été un véritable choc visuel. J'ai été très surprise par la richesse graphique des tenues et des armes.
Ce qui m'impressionne le plus et de comprendre à quel point cette esthétique se retrouve dans le Japon contemporain. Les motifs traversent l'Histoire et ornent aujourd'hui des objets et des tissus bien inoffensifs. Et puis, l'armure des samurai, d'une inquiétante beauté, continue d'inspirer les artistes ; d'ailleurs, son influence s'est largement repandue hors de l'archipel. Un comble quand on songe aux efforts justement déployés par les guerriers pour que leur pays reste fermé !
Pour prolonger le plaisir, voici quelques illustrations de Fanny publiées avec son accord. Son blog : http://fannyruelle-unjouruncheval.blogspot.com
S'il est une expo que j'ai les boules de louper, c'est bien celle-là...
RépondreSupprimerMerci pour ce petit compte-rendu.
Très bel article !
RépondreSupprimerMerci pour ton article ... il faut vraiment que j'y aille !!!
RépondreSupprimerBonjour, les arts de la guerre me répugnent, mais je ne dénie pas l'intérêt esthétique que revêtent les pièces présentées à cette exposition. Les photos et ta présentation sont alléchantes, et donnent vraiment envie d'entamer ce "voyage" à travers le temps, dommage que je ne sois pas à Paris, car une visite se serait imposée d'elle-même ;) J'aime bien le Japon médiéval, une découverte que j'ai pu faire par plusieurs biais, principalement littéraires, notamment à travers le roman "Naufrages" d'Akira Yoshimura.
RépondreSupprimerA bientôt.
Tu peux préciser que le musée sera OUVERT le dimanche 1er janvier! C'est le dernier dimanche gratuit (1er dimanche du mois) pour venir voir l'expo avant sa clôture fin janvier.
RépondreSupprimerça fait envie. plus qu'un mois pour passer à paris, bigre !
RépondreSupprimersinon, si tu passes à london, va visiter l'extraordinaire victoria & albert museum, qui contient de belles collections d'art oriental, dont une superbe salle d'art japonais ancien... et c'est gratuit.
@David : tu peux toujours te procurer le catalogue vraiment très bien. Les photos sont de grandes qualités et avec des articles de fonds. J'ai pris un stock de photo mais l'éclairage était vraiment moyen pour un p'tit appareil comme le mien.
RépondreSupprimer@Angelo et Matthias : merci :)
@Emilie : merci pour l'info !
@Liten : Je ne pensais pas que des pièces d'armures et des costumes puissent autant me fasciner... En fait, je n'en reviens toujours pas. J'ai quand même passée quatre heures dans l'expo...
@Mackie : héhé, une bonne occasion de venir sur Panam. Mais à priori, pendant les vacances, l'expo est blindée de monde. Hélas, je n'ai pas de voyage à Londres de prévue. Le musée des art asiatiques de Bruxelles et aussi très sympas, même si dans un état de conservation parfois un peu douteux.
Merci Marianne, très bel article au passage, qui décrit tout à fait le sentiment que j'ai eu moi aussi de cette visite :) Un vrai régal pour les yeux et l'imaginaire ! Un foisonnement de graphismes, couleurs et d'œuvres artisanales extraordinaires mêlant avec brio l'art de la forge, du tissu et de la laque.
RépondreSupprimerJe crains malheureusement d'avoir du mal à avoir le temps d'y aller. C'est en tout cas une époque sur laquelle j'aimerais bien me documenter un peu.
RépondreSupprimerJe ne suis pas férue du temps des samourais non plus mais ton post m'a donné envie d'aller voir l'expo. Merci pour ton compte-rendu :)
RépondreSupprimerJ'avais déjà envie d'aller la visiter, avec ton article j'ai envie ++ d'y aller. MERCI :)
RépondreSupprimerBon vent pour la suite
L'articulaire
C'est de Kyushu Fukuoka japonais.Même un japonais pense qu'il y a vraiment peu de gens qui connaissent un samouraï.Je vous a l'introduisez en France et merci dans ce chemin.
RépondreSupprimerMerci.
They often have small insects like dragonfly on their top(KABUTO) which is a symbol of quickness.
RépondreSupprimerMany things have their meanings.
When SAMURAIs lost their job(when Japanese army system changed), those craftsmen also lost their jobs so they use their skills for furniture or other things.
I think their skills still last for our everyday life.
@Fanny : si tu n'avais pas été là avec Christophe, la visite aurait été moins sympathique et moins enrichissante. C'est toujours plus chouette de partager les belles choses avec les personnes qu'on aime !
RépondreSupprimerMarie : il te reste le magnifique catalogue :)
Béné : As-tu eu le temps d'y passer ?
L'articulaire : J'espère que la visite t'aura plu
4ANRO: コメントありがとうございました。
私は日本の文化に感謝。その関心伝えていきたい !
Tomo : thanks you for the information. I didn't know the meaning of the dragonfly.It's a pity that Japan is loosing this precious skills. We have the same trouble in France with craft industry...
Il faut que je montre cet article à mon fiston !
RépondreSupprimerBonjour Marianne !
RépondreSupprimerTop ce compte-rendu de l'exposition qui commence à dater maintenant. J'y avais été mais sans appareil photo...
C'était vraiment bien fait et ça me fait vraiment plaisir de pouvoir revivre un peu l'exposition à travers ton article bien illustré avec tes photos.
Passionné par le Japon et après plusieurs voyages dans ce pays, je reste fasciné par la création et la naissance (n'ayant pas peur du mot) d'un sabre. Si il y a bien une chose à laquelle j'aimerais assister, c'est bien la création d'un sabre, du début à la fin.
Merci encore pour ce reportage photos !