20 août 2012

Japonisme : 怠け癖 - namake kuse - paresse



Paresse,  怠け癖 Namake kuse, est un mot tellement étranger à la culture japonaise qu'on peut être surpris de sa simple existence. Si la contemplation, la médiation sont des activités hautement reconnue, la paresse est un défaut indigne !

Les Japonais sont toujours très très occupés, quelques soient le moment de la journée, ou de leur vie. Il suffit de voir l'emploi du temps des retraités japonais, toujours entrain de courir, même pendant leur vacances... On se gausse des cars de touristes qui font des visites au pas de course, mais dans leur pays, c'est pareil ! Leur soucis maladif d'exhaustivité rend leurs excursions épuisantes pour un étranger. Une journée de « congés » partagée avec un japonais peut rapidement devenir un enfer.

Même les enfants, pendant les vacances scolaires, continuent quand même leur activité dans les clubs et parfois assistent à des cours de rattrapage. Quand aux femmes au foyer, leur temps est minuté entres les activités de quartier, leur cours d'ikebana ou de langues étrangères, la préparation des repas... Et dans la vie professionnelle, avoir l'air occupé, débordé même est la condition sinequanone de l'intégration. Il n'est pas rare de voir les employés de bureau s'enquiller des journées de plus de 10 h et ramener du travail à la maison le week-end. Cependant, leur productivité est bien moindre que celle des Français.

On dit que les parisiens sont pressés, mais par rapport à un tokyoïte en week-end, nous sommes de petits joueurs.


Pourtant, j'ai découvert à Tôkyô de grands sages passés maître dans l'art subtil de la paresse : les chats. J'ai croisé dans les parcs et cimetières de nombreux matous errants, grassement nourris pas les mamies du quartier, parfois d'aspect miteux, parfois de fiers guerriers couturés. Tous, dans la chaleur moite du mois d’août, connaissaient le secret de la longévité et du bonheur : paresser dans une flaque de soleil, à contempler d'un œil placide les créatures étranges à deux pattes qui s'agitent dans le monde.

Alors, lors de mon séjour dans le sud de la France, quand j'ai vu ce vieux chat buller tranquille sur le muret, j'ai pensé à ses congénères nippons. Les chats eux n'ont ni patrie ni loi, juste une philosophie universelle de la paresse. Et parfois, moi aussi, je suis tentée d'y adhérer...


Japonisme est une projet réalisé en collaboration avec Anne (trouveuse de mots magiques) et Virginie.

8 commentaires:

  1. Ton texte tombe à point nommé pour mes réflexions de la journée :o) Et cette photo... je crois que je ne pourrai me passer de la présence de chat dans ma maison aussi pour ça: les regarder faire la sieste. Ils sont le garants de ma zénitude.

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  2. Joli l'article ! Les chats... is ont vraiment la vie facile !

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  3. @Laetitia : en ce moment je suis en squatte chez des amis qui ont des chats... et je passe une bonne partie de ma journée à les gratter :) C'est vrai que c'est reposant de les observer dans leur tranquillité.

    @Morgane : oui, à condition d'être au moins nourri. Et avec un foyer, je crois que c'est quand même mieux.

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  4. C'est sur ! Quand je vois l'état des chats errants dans mon quartier, j'ai quand même mal au coeur pour eux oui. Entre les maladies, les puces, les balafres...

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  5. Ohh mais tes photos sont tellement représentatives...Surtout la 2ème où le chat te regarde en coin..."何か? Laisse-moi buller tranquile" ^_^ Ton texte me fait penser à 'Je suis un chat' (il manque un 'sois pas jaloux' à ce titre de livre d'ailleurs)

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  6. C'est vrai que les japonais vivent toujours dans la course ... ils se levent super tot, ont des journees de travail de 10heures, et beaucoup d'entre eux qui restent meme apres pour boire un verre avec leur patron (j'ai appris recemment que c'etait mal vu de ne pas y asister ...).
    Je trouve que c'est un rythme de vie tres surprenant, moi qui suis tout l'inverse ^_^
    enin, la photo du chat est superbe.

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  7. C'est vrai que les japonais sont toujours occupes. Apparemment se serait mal vu de rester oisif. Je vois ma niece de 7 ans, la c'est les vacances et tout les jours elle a une activite differentes, piano, piscine, tennis, devoirs de maison.. etc mais je me demande si c'est au moins elle qui les a choisi ou si elle se les ait fait imposes.

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  8. @Emilie : Oui tu as raison !! Tu viens de me donner envie de relire Sôseki !

    @Eydna : Pour le fait d'aller boire un verre, c'est assez logique dans la mesure où la société japonaise est organisée en fonction de l’appartenance à un cercle. On se définit toujours par rapport à ceux qui appartienne à ce cercle (l'intérieur) et ceux qui sont extérieurs. Pour un culture comme la notre où l'individualité et la liberté prévale, c'est un peu difficile à appréhender.

    @Frenchynippon : Je crois que l'activité, voire la suractivité est tellement ancrée que beaucoup ne se posent même pas la question...

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Marianne